Trop bon pour gaspiller? Découvrez le Doggy Bag français !
On nous dit souvent de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre en commandant un met, certes appétissant, mais que nous ne pouvons pas finir en une seule fois! Depuis le 1er Janvier , le Doggy Bag est devenu fortement conseillé dans tous les restaurants ! HotelRestoVisio vous en dit davantage sur ce nouveau modèle de consommation qui s’inscrit dans la mise en place du plan anti-gaspillage gouvernemental.
À Nouvelle Année, Nouvelles Mesures …
L’Anti-Gaspillage alimentaire est sans nul doute le leitmotiv des médias, conférences et autres interventions de cette dernière année avec pour cheval de bataille en cette nouvelle année 2016 la mise en place d’un plan qui, selon plusieurs études, participerait à économiser plus de 10 tonnes de biodéchets par an. Cette solution n’est autre que le Doggy Bag! Rien de bien novateurs nous direz-vous puisque cette formule existe déjà depuis plusieurs années Outre-Atlantique et Outre-Manche… La nouveauté en cette rentrée est, qu’à partir du 1 er Janvier 2016, tous les restaurants servant environ 150 à 200 couverts par jour se verront dans l’obligation de trier, dans un premier temps, leurs déchets alimentaires. A défaut, ils se verront infliger de lourdes amendes. Il s’agit là de la mise en place du Plan Anti-Gaspi du gouvernement, signé mi-juin 2013 par tous les acteurs de l’alimentation, et de la loi sur les biodéchets, votée en 2010. Le Doggy Bag, faisant partie des solutions recommandées par les professionnels pour lutter contre le gaspillage alimentaire, fait donc son entrée dans nos restaurants français sous l’appellation de Gourmet Bag.
Mais de quoi s’agit-il concrètement? L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie U.M.I.H, a signé en 2015 un partenariat avec la société française TakeAway, dans le but de généraliser la pratique consistant à emporter dans une barquette les restes de son assiette au restaurant. Cette petite société créée par trois étudiants a en effet mis au point des boîtes cartonnées micro-ondables, personnalisables et recyclables ainsi qu’un sac permettant de transporter sa bouteille de vin non terminée.
« Le gaspillage, c’est l’affaire de tous : du producteur au consommateur en passant par nos restaurateurs », souligne Roland Héguy, le président confédéral de l’U.M.I.H, « Si le cuisinier ne produit pas pour générer du gaspillage, le doggy bag est un moyen de réduire le gaspillage alimentaire auprès de nos clients. »
Parfaite Théorie … Mais en Pratique ?
En l’an 2016, presque toute la Gaule a accepté le Doggy Bag au restaurant … Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à cette pratique !
Claude Fischler, sociologue et spécialiste de l’alimentation, affirme en effet « Il y a une gêne à manger des restes, cela résonne dans la mémoire collective … Un aliment entamé est considéré comme un déchet et le client veut échapper à la honte d’avouer qu’on emmène des restes pour en faire le repas du soir ou du lendemain. » Selon une étude de la Direction Régionales de l’Alimentation DRAAF menée auprès de 2.700 consommateurs, 95% des personnes interrogées sont prêtes à utiliser le sac à emporter mais dans la pratique, peu osent le demander. En février 2014, Bernard Boutboul, directeur général du cabinet spécialisé Gira Conseil, rappelait que des restaurateurs « ont tenté l’expérience à plusieurs reprises, dans les années 1990 puis dans les années 2000, et donné la possibilité d’emporter facilement la fin de son plat. Mais rien n’y fait, chaque tentative a été vouée à l’échec. Ça ne prend pas ! C’est donc un cercle vicieux où le restaurateur a cessé de proposer le doggy bag face à un consommateur qui se sent gêné de le demander. » Un point de vue que partage Clémentine Hugol-Gential, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication, : « Le doggy bag nous renvoie à une alimentation vue comme individualiste, alors que chez nous, le repas se doit d’être convivial. Le frein culturel face à ce concept est très important, ce qui explique son échec, surtout à Paris et dans les restaurants haut de gamme et gastronomiques … Ce n’est tout simplement pas dans notre culture ! »
En mettant l’accent sur la folie que représente le gaspillage alimentaire, d’un point de vue éthique ou d’un point de vue environnemental, le gouvernement réveille tout de même les consciences en instaurant ce plan dans les différents restaurants de l’Hexagone qui, rappelons-le, tendent à gaspiller plus 1 562 400 tonnes de nourriture par an !