Quand être économe devient tendance …
Après le Végétarisme ou encore le Véganisme, voilà arrivé le Freeganisme, un concept encore bien méconnu en France qui consiste à consommer principalement ce qui est gratuit et à créer des réseaux d’entraide qui facilitent ce choix et cela dans un seul et unique dessein : participer de manière efficace à l’anti-gaspillage alimentaire ! HotelRestoVisio vous dit tout sur ce nouveau mode de vie alternatif …
Le Free … quoi?
Le « freeganisme » ou « gratuivorisme », pour les moins bilingues d’entre nous, prône un mode de vie dit alternatif de consommation qui tend vers la gratuité. Cela passe essentiellement par le logement, l’habillement, le transport mais aussi, et surtout, l’alimentation ! Ce mouvement, qui nous vient directement d’Outre-Atlantique, de la Grosse Pomme plus précisément, a pour but de lutter activement contre le gaspillage alimentaire, véritable fléau de cette dernière décennie. Les freegans récupèrent en fait les aliments voués à la destruction et s’en font de bons petits plats à zéro euro. Plus globalement, les « freegans », contraction de free (gratuit) et de vegan (végétalien) rejettent l’économie « conventionnelle » et donc la consommation dite de masse dans le but de retrouver dans la communauté les valeurs de générosité, d’indépendance, de solidarité et de partage, rejetant par la même la société actuelle qu’ils considèrent matérialiste à outrance.
Ce nouveau concept qui nous semble bien novateur a en réalité vu le jour en 1999 aux Etat-Unis. Pour la petite histoire, tout est parti d’un tract « Why Freegan? » (Pourquoi Freegan?) écrit par un certain Warren Oaks, batteur d’un groupe de punk new-yorkais dans lequel il définit le freeganisme comme « une éthique anti-consumériste de la nourriture ». 15 Ans plus tard, soit en 2014 ,c’est à Paris qu’arrive enfin ce mode de vie s’inscrivant ainsi dans la mise en place du plan anti-gaspillage français.
Le Freegan Pony … Une idée de génie !
Nous vous parlions il y a de cela quelques semaines du Food-Swapping, cette nouvelle tendance alimentaire qui permet à ses adeptes de troquer non pas les vêtements mais bel et bien la nourriture entre amis, entre voisins ou même entre inconnus (rencontrés sur le site des « Food-Swapper ») le tout dans un esprit « anti-gaspi ». Le Freeganisme en est donc la continuité logique ! Mais ce mouvement ne s’arrête pas là puisqu’en Octobre 2015, une table d’un nouveau genre s’est dressée, non loin du périf’ parisien : Le Freegan Pony ! Cette établissement, pour le moins hors du commun, a ouvert ses portes dans un local appartenant à la Ville de Paris, dans le 19e arrondissement.
On y sert des plats composés essentiellement de fruits et légumes récupérés au marché de Rungis à un prix défiant toutes concurrences : 2 euros ! Cela vous semble certainement impossible … Mais impossible n’est pas français comme vous le savez. Un immense squat de 500m2 au air de local désaffecté, du mobilier de récup Emmaüs et des plats mitonnés avec les invendus du marché de Rungis, tels sont les caractéristiques du Freegan Pony qui a réouvert ses portes en Octobre 2015, après une première fermeture en 2014 pour cause d’étroitesse. A la tête de ce projet follement titanesque Aladdin Charni, un lyonnais d’origine tunisienne de 32 ans et freegan depuis 5ans, qui explique : « On n’est pas là pour monter une affaire mais pour sensibiliser les gens au gaspillage alimentaire. C’est plus percutant de leur faire vivre l’expérience. En les servant, on les informera que ce qui est dans leur assiette aurait normalement fini dans une poubelle. »
C’est à force de persévérance et de sacrifices qu’il est arrivé à bout de ce projet ! Quatre jours par semaine, Aladdin se rend à Rungis à 7h30 récupérer les invendus. « Au début, il a fallu vendre le projet aux maraîchers. On arrivait de nulle part. Après quelques articles, on est devenu plus légitimes » explique-il. Une fois les fruits et légumes en poche, direction Porte de la Villette où il retrouve un ancien chef des cuisines de La Mauvaise Réputation, Jérôme Mussy au Freegan Pony. Pour ce jeune maitre de l’art culinaire adepte du « zéro gâchis » : « Il faut redoubler de vigilance avec l’hygiène, prendre soin de produits un peu abîmés, tu ne sais pas ce que cela va donner, c’est ça qui me plaît ».
Le Freegan Pony est pour ainsi dire un pari réussi et est surtout décrit par beaucoup comme « une boîte de chocolats : on ne sait jamais à l’avance sur quoi on va tomber. »